Appel à contribution – La lettre dans son environnement (péninsule ibérique et Occident latin, IVe-XIe s.)

Date limite : 30 avril 2014
Lieu de la manifestation : Madrid
Organisation : ANR-DFG EPISTOLA
Après avoir étudié, dans le cadre du programme ANR-DFG EPISTOLA, la lettre dans sa ductilité stylistique (« Écriture et genre épistolaires », Poitiers, 5-8 juin 2013) et dans la variété de ses transmissions (« Tradition et transmission épistolaires », Erlangen, 22-24 mai 2014), il revient à ce colloque international de se pencher sur l’insertion des pratiques épistolaires dans leur environnement social, politique et religieux, et ce dans une quadruple perspective : littéraire, anthropologique, sociologique et iconographique. Dans cet Occident où se développe très tôt un véritable art épistolaire, la lettre constitue en effet un lien essentiel au sein des sociétés latines et chrétiennes. Ce substitut de la personne ne peut plus être vu comme un simple pis-aller à la présence réelle : il est aussi un autre moyen d’entrer en contact, de donner une image de soi-même, d’informer et de convaincre.
Soumise à l’exigence d’une efficacité immédiate, l’epistola se trouve alors au coeur d’un puissant processus d’interaction avec son environnement. Elle est à l’interface de plusieurs personnalités – celles du ou des auteur(s), du copiste et du destinataire -, de cultures parfois différentes et de positions sociales égales ou inégales suivant que la communication est horizontale ou verticale. Cette dimension pratique influe profondément sur l’écriture de la missive, sur le choix de ses mots et de ses procédés littéraires. Témoignant souvent d’un réel souci stylistique, la lettre constitue un objet culturel à mi-chemin entre les grands arts littéraires et l’écrit purement pragmatique. Destinée à des individus et non à une collectivité prise dans sa globalité, n’est-elle pas aussi un mode de production du politique et du religieux situé entre la loi et la coutume, le droit et la norme – entendue au sens anthropologique du terme –, la théorie et la pratique ?
Une fois parvenue à son destinataire, la missive a une efficacité plus ou moins grande, d’autant plus difficile à mesurer qu’elle ne suscite pas toujours de réponse épistolaire. Elle doit permettre d’obtenir une information, une approbation, un soutien, un objet ou simplement une reconnaissance par sa simple lecture. Plus généralement, elle ambitionne d’établir un consensus : la lettre doit créer du lien social. Du même coup, elle peut participer au renforcement des structures de pouvoirs et à l’élaboration d’un réseau institutionnel ou informel. À l’inverse, l’échec épistolaire ne résulte pas seulement d’un rapport de force défavorable dans la mesure où il signe aussi l’impossibilité politique, religieuse, parfois sociale et souvent culturelle d’établir un échange.
Source de l’information : Casa de Velazquez

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Réseau des médiévistes belges de langue française
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