Web – Carnet Hypothèses : Archéologie sur le bâti. Méthode, ressources et outils pour l’analyse stratigraphique des constructions

Coordinateur de la thématique : Jean-Yves Dufour, Inrap

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L’objectif de ce carnet dédié à l’archéologie sur le bâti est de proposer aux archéologues de terrain un espace d’échange autour de leurs méthodes de travail, des circonstances d’intervention et des problématiques diverses rencontrées. Le terme “bâti” s’entend ici au sens large, des fondations aux finitions. Il recouvre tout type de constructions humaines – de bois, de terre et de pierre – quel qu’en soit le statut ou la chronologie. Au-delà d’un outil de travail, ce carnet est aussi une vitrine des spécificités de la méthode de lecture stratigraphique des constructions et de ses apports. Il s’adresse aussi bien aux chercheurs et étudiants qu’aux maîtres d’ouvrage et architectes.

Essentiel à la conservation des grains, le grenier remplace le silo souterrain à partir du XIIIe s. Cette thématique est destinée à présenter plusieurs cas de figures et à rappeler les critères qui prévalent pour la construction d’un grenier, de manière à apprendre à mieux les reconnaître. C’est dans les vieilles fermes céréalières que nous trouvons le plus facilement de grands greniers répondant aux critères donnés par les agronomes. Ces critères sont la localisation du lieu de stockage, son exposition, sa ventilation, ainsi que les modes de construction de son sol, de ses parois et ouvertures. L’étude archivistique réalisée sur le village de Roissy-en-France, montre que si les exploitants agricoles sont les principaux stockeurs de grain, aubergistes et artisans pratiquent aussi dans une moindre mesure cette activité. À Roissy, les grains sont très largement stockés dans des chambres situées au-dessus des lieux de vie. Mais il existe aussi des greniers indépendants, comme ceux identifiés en Alsace. On observe ainsi dans le village de Lutter (Haut-Rhin), une forme ancienne de grenier indépendant de l’habitation, contemporaine des grands greniers communautaires dans les villes, comme celui de Strasbourg. Le grenier n’est toutefois pas seulement nécessaire dans les fermes productrices, il l’est aussi dans les villages des régions de petite et moyenne culture et dans les villes. C’est l’étude de la maison Felip, à Prades (Pyrénées-Orientales), qui offre un exemple de grenier aménagé par un particulier aisé, dans ses combles, doté de compartiments pour le grain. C’est pour cette raison, que l’archéologie sur le bâti, plus tournée vers la maison des hommes que vers l’étude des bâtiments agricoles, doit toutefois apprendre à reconnaître greniers et chambres à grain inclus dans l’habitat civil. Des observations techniques simples permettent donc de reconnaître le grenier conservé en élévation. Car le grenier devient un élément incontournable du développement urbain et gage de stabilité sociale : communautés (militaires, religieuses), marchands de grains, cultivateurs (propriétaires, exploitant ou ouvriers agricoles) vivant en ville, meuniers, petite et moyenne bourgeoisie touchant une rente foncière, etc., tout à chacun doit stocker une partie de l’année le grain correspondant aux redevances, à la consommation, au commerce… Le grenier est donc presque partout, à nous de le retrouver. Les cas de figures présentés ici forment un premier panel dont on espère qu’il pourra être complété par d’autres études.

Source : Archéobati

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