Appel à contribution – Attractivité et réseaux de mobilité : séduire, accueillir et intégrer

10 octobre 2025
(en présentiel et en visio)

Organisation : Mathilde Defosse (HISOMA), Rachel Hédan (HISOMA)

Présentation

Depuis plusieurs décennies, l’analyse des réseaux occupe une place croissante dans la recherche en sciences humaines et sociales. Cet outil méthodologique et conceptuel a donné lieu à de nombreux travaux pluridisciplinaires mêlant histoire, archéologie, économie et sociologie, particulièrement autour des dynamiques de mobilités géographiques. Dans le cadre du laboratoire Archipels, nous souhaitons interroger les interconnexions sociales et spatiales ainsi que les échanges économiques et technologiques sous l’angle de la méthodologie de l’étude des réseaux. Cette journée d’études a pour vocation d’approfondir la question des mouvements des populations sous le prisme de l’attractivité et du point de vue des lieux d’accueil.

En effet, les mobilités individuelles et collectives ont fait l’objet d’un important renouvellement historiographique au cours de ces vingt dernières années, l’ouvrage de P. Horden et N. Purcell, The Corrupting Sea (2000) jouant un rôle pionnier dans l’usage du concept de réseaux pour étudier l’espace méditerranéen comme espace de connexion. Ce dernier a été au cœur du programme d’études mené par C. Moatti (2001, 2007, 2009) s’intéressant tant à la diversité des individus mobiles qu’aux procédures de contrôle des déplacements depuis l’Antiquité jusqu’à l’époque moderne. Une telle approche s’est aussi étendue à des études s’intéressant à l’identité (C. Georg, 2015 ; I. Malkin, 2018), aux communautés (C. Taylor, K. Vlassopoulos, 2015, C. Rapp, Y. Stouraitis, 2024) et aux sources négligées telles que les sources archéologiques et les langues sémitiques (C. Broodbank, 2013). Plus récemment, la question de l’hospitalité et de la régulation de l’altérité a été analysée en s’intéressant aux processus permettant de conjurer l’incertitude entourant les individus mobiles (C. Fauchon-Claudon, M.-A. Le Guennec, 2022 ; Simona Cerutti, 2012). Ce renouveau historiographique s’observe également en Asie du Sud-Ouest concernant les réseaux d’accueil et d’hospitalité par exemple (O. Remie Constable, 2004). Une large utilisation du concept a ainsi conduit des réflexions méthodologiques (F. Kerscghbaumer & all, 2020) ainsi que des nouveaux questionnements.

En suivant ces travaux, on observe donc l’existence de multiples mobilités temporaires ou permanentes, forcées ou volontaires, effectuées par des individus divers et dont les motivations sont multiples (économiques, sociales, matrimoniales, politiques, etc.). Cependant, les mobilités ne relèvent pas seulement de contraintes et de nécessités, elles impliquent aussi des facteurs d’attractivité qui les orientent et façonnent des réseaux. Dès lors, qui attire-t-on et par quels moyens ?

Nous chercherons ainsi à analyser les dispositifs et les processus mis en place afin d’attirer les individus, tant par des institutions et des puissances étatiques que par des collectivités et des groupes sociaux. Cela inclut un arsenal juridique et légal favorisant le développement de réseaux et d’échanges à travers des accords économiques (interdiction de saisie, taxation avantageuse, traités d’échanges, …)1 ou des traités et décisions politiques et juridiques assurant la protection des individus (traités d’isopolitie, conventions d’asylia, traités d’amitié ou d’hospitalité, …). Ces décisions sont souvent médiatisées afin de favoriser une diffusion efficace auprès de la population ciblée. On pense ici aux proclamations, à la transmission de copies ou à l’affichage dans l’espace public. Les communautés et individus participent également à cette attractivité en développant des réseaux (sociaux, professionnels, économiques, …) que les nouveaux arrivants intègrent2. Ils participent aussi à la circulation d’informations sur les lieux d’accueil, les opportunités, les conditions de vie, …

Ce phénomène peut prendre des formes diverses, plus ou moins complexes, par le biais de la rumeur ou dans la correspondance privée, par des agents recruteurs des royaumes hellénistiques jusqu’à la construction plus consciente d’une réputation relevant du soft power. Les communications prêteront également attention à la réception de ces facteurs d’attractivité auprès des individus ciblés, notamment dans leur choix d’installation. Outre des facteurs comme les structures d’accueil et de solidarité, l’insertion dans des réseaux socio-professionnels (associations de travailleurs, cultes associatifs, guildes, etc.)3, nous chercherons à identifier des formes de regroupements communautaires (région d’origine, culture, ethnicité, religion commune, etc.). Si la part de libre arbitre dans les mobilités est souvent difficile à établir tant ces dernières sont multifactorielles, les individus victimes de guerres, d’exils forcés ou de la perte de statuts sociaux peuvent réaliser un choix, dans la contrainte. En effet, des entités étatiques hostiles à certaines catégories de population ont malgré tout mis en place des dispositifs favorables et connus tels que des ports francs ou des quartiers réservés pour leur accueil et leur installation. Les Thébains par exemple, dont la cité a été détruite, tendent à se diriger vers les cités grecques leur fournissant un accueil favorable tout comme les communautés chrétiennes, juives ou musulmanes font l’objet de traités visant à les attirer bien que limitant leurs droits et leurs mobilités.

Cela pousse enfin à se questionner sur les échecs dans la mise en place de facteurs d’attractivité et dans les processus d’installation, tant d’un point de vue individuel que collectif ou étatique. Les difficultés à intégrer un réseau, le choix d’une autre destination, une concurrence entre des entités, des expulsions après une politique d’accueil4 sont autant d’éléments qui expliquent ces échecs.

Zone chrono-culturelle :

Les communications pourront couvrir la période allant de l’Âge du Bronze à l’époque moderne dans l’ensemble du bassin méditerranéen et de l’Asie du Sud-Ouest.

En résumé, les termes pouvant être abordés dans les communications seront les suivants :

● L’attractivité des villes et régions : système institutionnel, arsenal juridique et politique, favorisation de réseaux de mobilités d’individus et d’échanges

● Diffusion formelle et informelle des informations : réputation, correspondance privée, proclamation, etc.

● Installation et accueil individuel et communautaire : regroupements communautaires, réseaux personnels et professionnels

● Les échecs des processus d’attractivité et des installations

Modalités de contribution

Conditions de participation : être doctorant·e·s, post-doctorant·e·s ou chercheur·e·s d’une université française ou étrangère

Date limite de soumission : 30 juin 2025

Langue des communications : français et anglais

Durée des communications : 20 minutes

Format de la soumission : un titre temporaire, un résumé de 300 mots maximum et un CV

Veuillez envoyer vos propositions par e-mail à archipels.labojunior@gmail.com.

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Réseau des médiévistes belges de langue française
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