C’est une grande question d’histoire de France : comment la jeune dynastie capétienne, établie en 987, encore fragile, a-t-elle pu traverser le «rude et farouche XIe siècle», troublé par les guerres féodales ? Comment est-elle parvenue, passé l’an 1100, à fonder son hégémonie dans le royaume de France ? Beaucoup d’historiens d’antan ont évoqué un «miracle capétien», ou une sorte de grande coalition entre le roi, l’Église et les communes du XIIe siècle en vue de maîtriser «la féodalité». Le présent essai ne s’écarte pas de cette chronologie traditionnelle. Il restaure également la «société féodale» souvent mise à mal par la mode actuelle des déconstructions. Mais il réinterprète la guerre féodale et le rôle de l’Église, en voyant dans l’une comme dans l’autre des facteurs de stabilité sociale autour de l’an mil.
Dès lors, cette histoire de la dynastie capétienne et de la France féodale et chrétienne n’est plus celle d’une évolution lente mais sûre vers la prépondérance royale. Initialement mieux assurés qu’on ne l’a cru parfois, les Capétiens risquent plusieurs fois d’être déstabilisés : vers 1100 notamment, la réforme de l’Église et l’essor des communes urbaines sont d’abord des problèmes pour eux ou des atouts pour leurs rivaux, avant de jouer en leur faveur. Une histoire palpitante, dans laquelle le destin des rois ne se sépare pas de celui de toute la société française, qui revit ici, autour d’eux, avec les imprécations des moines, l’orgueil des chevaliers, et parfois la rage des serfs.
Dominique Barthélémy est professeur d’histoire du Moyen Âge à l’université de Paris-Sorbonne et directeur d’études à l’École pratique des Hautes-Études. Il intègre dans cet essai sa critique constructive du modèle de la «mutation de l’an mil», spécialement ses vues novatrices sur les communes diocésaines, l’interaction féodale et la mutation chevaleresque.
Table des matières :
Avant-propos
Chapitre 1 : La préséance du roi
L’origine des Robertiens
Guerre et interaction féodales
La résistible ascension des Robertiens
Le rebond d’Hugues Capet
La vassalité du royaume
Héritiers et héritières nobles
Les débats entre seigneurs et vassaux
La consolidation capétienne
Mariages et politiques de Robert le Pieux
L’énergie du roi Henri Ier
Chapitre II : De l’an mil à la réforme grégorienne
Dés évêques et des abbés dans la féodalité
Les réformes monastiques et le prestige de Cluny
Le temps des donations
Les inquiétudes de l’an mil
Les ligues de paix diocésaines
Les rois, les ducs et leurs évêques
L’heure des légats et des ermites
Le moment de la croisade (1095-1099)
Le temps des compromis
La fin de la réforme
Chapitre III : La mutation de l’an 1100
Les « mauvaises coutumes » de l’an mil
Le servage de l’an mil
Hôtes et bourgeois de l’an 1100
L’essor des marchands
Les communes urbaines
Des intrus dans la noblesse
La mutation chevaleresque
Fortunes et infortunes de vavasseurs
Chapitre IV : Vers l’hégémonie du roi
Les gains de Philippe Ier
L’éclat des princes de l’an 1100
Les combats d’un roi justicier
Louis IV et les princes
Les premiers cumuls
L’ordre féodal
Plantagenêts et Capétiens de 1173 à 1189
Les conquêtes de la Normandie
Philippe Auguste et la société française
Cartes
Arbres généalogiques
Sources et orientation bibliographique
Informations pratiques :
Dominique Barthélemy, Nouvelle histoire des Capétiens, 987-1214, Paris, Seuil, 2012 (L’univers historique). 382 p. ISBN : 978-2-02-0855163. Prix : 23,00 euros.
Pour en savoir plus :
Le lundi 29 octobre, Dominique Barthélemy était l’invité de Jacques Le Goff pour l’émission Les lundis de l’histoire sur France Culture. Il est venu y présenter ce nouvel ouvrage. Vous pouvez retrouver ici le podcast de cette émission dans laquelle intervenait également Xavier Hélary (professeur à l’Université Paris IV-Sorbonne).
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