Afin de tisser des liens entre Histoire de l’art, Théologie et Histoire religieuse, chaque séance de ce cycle de conférences accueillera deux intervenants d’horizons disciplinaires et méthodologiques différents, qui s’exprimeront chacun pendant quarante minutes avant une discussion finale avec l’assemblée. Cette collaboration résulte d’un hiatus méthodologique constaté entre Histoire de l’art médiéval et Histoire de l’art moderne dans l’appréhension des rapports entre l’art et la théorie religieuse.
De fait, en 2005, Jean-Michel Leniaud faisait le constat de « l’absence de dialogue, voire d’autisme savant » entre l’histoire religieuse et l’histoire de l’art religieux. Pourtant, en Histoire de l’art médiéval, malgré des relations parfois conflictuelles entre l’analyse des textes et celle des images, l’invitation de Jeffrey Hamburger à recréditer académiquement la théologie en tant que « mitress of arts » semble avoir été prise ces dernières années avec beaucoup de sérieux. Le dialogue entre Histoire de l’art, Théologie et Histoire religieuse se trouve aujourd’hui bien souvent revendiqué comme le fondement de nombreuses études récentes (Bauer, Hamburger, Bynum, Kessler, Baschet, Palazzo…).
Toutefois, une telle tridisciplinarité semble encore rare chez les historiens de l’art moderne, parmi lesquels certains chercheurs comme Giovanni Careri ou Ralph Dekoninck font figure de pionniers. En 2020, Jean-Pascal Gay observait encore par exemple que « l’histoire de l’activité théologique à l’époque moderne […] demeure un champ marginal tant dans le champ historique dans son ensemble qu’au sein de celui de l’histoire religieuse ». Ce constat vaut particulièrement pour l’historiographie française qu’il compare avec celle de l’Italie et de l’Allemagne, où la « Kircherngeschichte n’a jamais désinvesti l’étude des théologiens modernes. Lorsqu’il plaidait pour une « histoire visuelle du sentiment religieux », Ralph Dekoninck saluait les travaux d’Olivier Boulnois, de Frédéric Cousinié et de Walter Melion, pour leur aptitude à ouvrir « la voie aux historiens de l’art des temps modernes sur de nouvelles manières d’appréhender l’image religieuse conçue et vécue comme expérience ».
Le dernier mot de cette citation sera utilisé comme pivot autour duquel seront axées les conférences et les discussions de ce cycle. Nous considérerons toutefois l’expérience dans son sens le plus large comme la mise en contact de soi avec le réel, confrontation de laquelle résulte le savoir et l’action.
Programme :
6 janvier – Conférences inaugurales
Éric PALAZZO L’expérience de la tension des choses et la « nature morte liturgique »
Frédéric NEF Expérience et expérienciation
21 février
Vincent DEBIAIS Théologie du silence et expérience dans l’image médiévale
Caroline HEERING Les festivités jésuites au xviie siècle : l’expérience sensible du sacré dans les arts éphémères
28 mars
Ingrid FALQUE Mit bildgebender wise. Images et experience mystique dans l’Exemplar d’Henri Suso
Michel WEEMANS Pièges dans les marges. Images de pièges et images pièges dans les Heures de Catherine de Clève
7 avril
Alain RAUWEL Existe-t-il des « images liturgiques » dans la chrétienté médiévale ? (xie-xiiie siècles)
Émilie CHEDEVILLE Mystagogie et expérience : le décor au prisme de l’effectuation liturgique à l’époque moderne
23 mai
Werner G. JEANROND The Contribution of Theology yo the Understanding of Religious Experience and Expression
Ralph DEKONINCK Artem experiential fecit.Expérience mystique et experience esthétique au premier âge moderne
Informations pratiques :
Institut National d’Histoire de l’Art
2, rue Vivienne, 75002 Paris
Salle Giorgio Vasari
18 h 00 – 20 h 00
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