30e journée d’étude du RMBLF – Voir, toucher, sentir, ouïr, goûter. Au coeur des paysages sensibles médiévaux / Zintuigen op scherp. Rond middeleeuwse sensorialiteit – Studiedag van de VWM

Le Vlaamse werkgroep medievistiek et le Réseau des médiévistes belges de langue française  organiseront une journée d’étude commune
le 19 mai 2014, de 9h30 à 16h30
à l’Université Saint-Louis – Bruxelles
Bd du Jardin botanique, 43, salle des examens
1000 Bruxelles
Au cours des années 1980, les chercheurs ont enfin répondu au plaidoyer pour une histoire des sens et des sensibilités lancé par Lucien Febvre en 1941. Et, depuis une dizaine d’années, c’est à un véritable foisonnement des productions scientifiques auquel on assiste. Y participent non seulement les historiens mais également les philologues, les historiens de l’art, les spécialistes des sciences religieuses ou les philosophes. C’est à ce titre que le Vlaamse Werkgroep Mediëvistiek et le Réseau des Médiévistes belges de Langue française ont décidé d’organiser une journée d’étude commune consacrée à ce sujet.
Dans cette optique, l’accent sera mis sur les questions de perception et de représentation du monde, qu’il soit quotidien ou exceptionnel, profane ou spirituel, réel ou imaginaire, l’exceptionnel permettant de connaître, en creux, l’ordinaire. Il s’agira donc d’approcher tant les « supports » de sensations – les aliments, les objets usuels, les artefacts, les objets du culte et autres œuvres d’art – et les pratiques sensibles que les cadres théoriques du temps. Plus encore, on tâchera de se focaliser sur des problématiques se rapportant à la perception sensorielle et à la culture matérielle, plutôt qu’à des questions d’anthropologie philosophique, de découvrir ce que ces systèmes et ces usages révèlent de la réalité sociale et intime d’un groupe d’individus, mais aussi comment ils évoluent au fil du Moyen Âge.
Loin d’être strictement privés, les sens et leurs excès peuvent indirectement entraîner une remise en cause d’une autorité, à l’image des étuves où l’on se voit, se sent et se touche, à l’abri du regard des évêques et des juges mais pas de celles qui font commerce de leur corps… On les retrouve dès lors régulièrement sollicités par les autorités médiévales, qu’elles soient politiques, spirituelles, professionnelles, sociales ou morales qui toutes visent ainsi à mettre en place et à défendre un système de normes et donc, dans une certaine mesure, à contrôler les pratiques sensorielles. Que l’on songe aux assauts de luxe que sont les joyeuses entrées ou les pas d’armes comme au caractère profondément structurant du son des cloches dans la vie quotidienne. Comment, dès lors, cette « fabrique » politique, économique ou religieuse de l’expérience sensorielle quotidienne se conçoit-elle et se déploie-t-elle ?
Ces observations montrent bien, au Moyen Âge comme aujourd’hui, que l’on ne peut appréhender le monde sans le (res)sentir. De la même façon que respirer les égouts à ciel ouvert de Paris donne une identité à la plus grande ville de l’Occident médiéval, toucher une statue miraculeuse inscrit dans la communauté des fidèles, et donc des contemporains. Les sens matérialisent enfin des abstractions – comme la prière montant vers le ciel dans les fumées odorantes de l’encens brûlé – qui ne pourraient être conceptualisées autrement. En attribuant une identité sensible au monde, on lui donne une existence tangible.
En conviant de jeunes chercheurs à partager leurs recherches, le Réseau des Médiévistes belges de Langue française et le Vlaamse Werkgroep Mediëvistiek souhaitent laisser une nouvelle fois la tribune à des problématiques ancrées dans l’actualité de la recherche scientifique. Qui plus est, par leur nature même, celles-ci se trouvent au confluent de plusieurs disciplines et méthodologies, ce qui rejoint parfaitement le souci que nous partageons de refuser tout carcan disciplinaire.
Orateurs :
Nicolas Schroeder (ULB)
Laure Leroux (Université de Caen-Basse Normandie)
Yan Grappe (Università degli Studi di Scienze gastronomiche)
An-Katrien Hanselaer (UGent)
Magali de Haro Sanchez (ULg)
Ine Kiekens (Ugent)
Veerle Fraeters (UA)
Les conclusions seront assurées par Viktoria von Hoffmann (ULg)
Le programme complet sera communiqué sous peu.
Inscription souhaitée : info.rmblf@gmail.com

A propos RMBLF

Réseau des médiévistes belges de langue française
Cet article a été publié dans Activités du RMBLF, Conférences. Ajoutez ce permalien à vos favoris.