La papyrologie se définit comme la science des textes écrits sur des supports transportables par opposition à l’épigraphie. Elle s’est organisée en deux branches correspondant aux deux catégories fondamentales des sources sur lesquelles elle travaille, à savoir les papyrus documentaires (« documents ») et les papyrus littéraires (« livres » ou « textes de nature littéraire »). Si cette division assez grossière peut s’expliquer par la spécificité des sujets abordés dans chaque branche, elle ne rend cependant pas justice à la variété des écrits qui relèvent de l’une et de l’autre et empêche d’appréhender les corrélations entre les deux domaines. Pire, elle a fini par créer des cloisonnements qui empêchent de porter une réflexion globale sur la culture écrite des Anciens. Comme le remarquait E.G. Turner dans sa célèbre introduction à la papyrologie (Greek Papyri. An Introduction, 2e éd., Oxford 1980, p. vi), « la dichotomie des textes de l’Égypte gréco-romaine en papyrus littéraires et papyrus documentaires a mis des œillères à nos études (…). Il n’y a pas un type de paléographie qui s’applique à la littérature et un autre qui s’applique aux documents ». L’hyperspécialisation galopante n’a fait que renforcer cette polarité, tandis que, ces dernières décennies, on a vu également émerger une autre catégorie de papyrus, dits « paralittéraires » (ou « sublittéraires », « semi-littéraires », voire « quasi-littéraires »), dont la définition et les contours sont aussi flous que l’est la terminologie qui sert à la désigner.
Le présent colloque a pour ambition, en partant du cas de la papyrologie, de s’interroger sur la catégorisation de la culture écrite, tant dans le monde antique que chez les Modernes.
Podcasts :
Jean-Luc Fournet, Introduction : Typologies et obstacles épistémologiques : ici
Paul Schubert, Quand la littérature s’invite dans la paperasse : références littéraires et culturelles helléniques dans les papyrus documentaires d’Égypte : ici
Rodney Ast, Inscriptional Texts and Inscriptional Practice as Reflected in the Papyri : ici
Lucio Del Corso, Writing across the Boundaries. Production and ‘Perception’ of Texts in the Greek World : ici
Alain Martin, Papyrologie « documentaire » et « littéraire » : l’avis des pionniers (à la lumière des archives de l’AIP) : ici
Amin Benaissa, The Categories ‘Literary’ and ‘Documentary’ at the Dawn of Papyrology : ici
Dominique Charpin, Textes littéraires et documents d’archives en Mésopotamie : quelques cas instructifs : ici
Pierre Grandet, Les catégories « documentaire » et « littéraire » : le cas des ostraca hiératiques égyptiens d’époque pharaonique : ici
Olivier Venture, Les catégories « documentaire » et « littéraire » en bambouologie : ici
Peter Van Minnen, Is There a Text in This Class? The Authority of Editorial Communities in Papyrology : ici
Marie-Hélène Marganne, Catégories, genres et sous-genres dans le Catalogue des papyrus grecs et latins du CEDOPAL : ici
Antonio Ricciardetto, Les papyrus paralittéraires : histoire et dénominations d’une catégorie particulière : ici
Julia Lougovaya, ‘Documentary’ and ‘Literary’ in Greek and Latin Epigraphy : ici
Judith Schlanger, Scribes des livres, scribes des documents dans la Genizah du Caire : ici
Laurent Morelle, L’écrit « documentaire », terrain de jeu des diplomatistes (Occident latin médiéval) : les zones d’ombre d’une catégorie efficace : ici
Willy Clarysse, The Epigraphic Model in the Script of Greek Papyri : ici
Marc Smith, Questions sur la catégorisation des écritures romaines : ici
Jean-Luc Fournet, Conclusions : ici
Source : Collège de France